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Notre adieu à Jean-Paul Watteau

03 décembre 2018 Ecole
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Les ingénieurs ENSEA de cinquante ans et plus l’ont fréquenté et ont pu apprécier l’homme… Jean-Paul Watteau, qui nous a quitté un peu plus tôt cette année, a été clé dans le développement de l’école : c’est lui qui l’a portée au statut d’école nationale supérieure !

 

Retour aux années 60. Sise à Clichy, l’Ecole nationale de radiotechnique et d’électricité appliquée (ENREA) fait cohabiter plusieurs sections : ouvriers (au sein d’un collège d’enseignement technique), ouvriers spécialisés (lycée), techniciens supérieurs (dans ce qu’on appellerait aujourd’hui une section BTS) et ingénieurs (section dédiée). Pour sa section ingénieurs, l’ENREA fait concours commun avec les Arts & métiers, l’École des ingénieurs de Strasbourg et celle de céramique de Sèvres. En 1966, le Gouvernement va transformer ces dernières en écoles nationales supérieures, mais pas l’ENREA… élèves, ingénieurs, enseignants crient au scandale ! Les protestations s’enchaînent (dont une grève de la faim en 1966) et vont attirer l’attention des médias (dont le Monde). Ce qui ne manque pas d’irriter le ministère de l’Education nationale de l’époque, qui va envoyer un certain Jean-Paul Watteau en mission pour régler le cas de cette turbulente section ingénieurs...

 

 

Ecole de plein exercice

C’est lui qui va se battre bec et ongles pour la transformer en école de plein exercice, en la détachant de la tutelle de l'Enseignement technique. Et le 15 janvier 1975, la section ingénieurs de l’ENREA prend son indépendance avec la signature du décret « portant statut de l’Ecole nationale supérieure de l’électronique et de ses applications ». Toujours implantée à Clichy, Jean-Paul Watteau est nommé directeur. Il pilotera le transfert de l’ENSEA à Cergy, effectif en 1977, l’ENREA à Clichy devenant un établissement d’enseignement secondaire et supérieur préparant au baccalauréat et aux concours d’entrées aux grandes écoles d’ingénieur.

 

Jean-Paul Watteau sera directeur de l’ENSEA jusqu’en 1992. Il deviendra par la suite conseiller spécial auprès du commissaire du CEA. Membre d’honneur de l’association des ingénieurs, il était venu en mars 2012 célébrer les soixante ans de l’ENREA, lors de la manifestation organisée par ENSEA Alumni pour l’occasion.

 

 

Illustrations :

  • En haut : Jean-Paul Watteau (au micro) lors de la cérémonie de parrainage ou de la remise des diplômes de la promotion 1978 (derrière lui, la marraine Évelyne Dhéliat, présentatrice à l’ORTF à l’époque, chef du service météo sur TF1 aujourd'hui)
  • A droite :Jean-Paul Watteau décoré de la Légion d’honneur en 2007 par le ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la recherche Michel Goulard (à droite) accompagné de Yves Boët, ancien directeur adjoint de l'école à gauche.



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3 Commentaires

Damien MOUBÊCHE (Ingénieur, 2007)
Il y a 5 ans
Cela a été une grande tristesse d'apprendre le décès de Jean-Paul Watteau. Il a tellement fait pour notre école. Nous lui devons beaucoup et il est une source d'inspiration pour les futures générations de l'ENSEA !
Gérard BOUYER (Ingénieur, 1954)
Il y a 3 ans
Déjà si loin (2021, j'ai 88 ans), Comme président de l'Association j'ai du faire 11 baptêmes de promotion avec lui. L'image du haut est probablement prise lors d'un baptême. je suis à gauche de profil. Un homme toujours avenant, qui s'intéressait à vous dans toutes les discussions et suggestions que vous apportiez.
Nous avons fait beaucoup de chose ensemble, le plus a été le le passage en Ecole Nationale Supérieure (je ne vous parle pas des multiples réunions et propositions de statuts !) et le déménagement de Clichy à Cergy. Pour moi de merveilleux souvenirs (malgré la débauche d'heures passées, mais j'étais JEUNE...)
Bruno PERROT (Ingénieur, 1986)
Il y a 1 an
En effet Gérard, si loin mais aussi si près grâce à l'assoce Alumni menée de main de maître par Ludovic, Damien et les autres membres de leur équipe (désolé de ne pas les nommer dans leur intégralité, tous indispensables valeureux(euses) et voué(e)s à cette noble cause).
Étant moi aussi "over 50" :-(, j'ai eu le plaisir et l'immense privilège de côtoyer maintes-fois Mr Jean-Paul Watteau.
Ma promo 86 profitant de ma langue (marseillaise) bien pendue et mon "culot" (à Marseille, on craint "degun".!!. les gens du sud comprendront!) pour être envoyé au charbon... (il est vrai que je ne me faisais pas beaucoup prier, et puis mes bons résultats plaidaient en ma faveur... lol..) et défendre l'opprimé(e) ou humblement être le porte-parole des doléances étudiantes (peu souvent pour être honnête, nous étions plutôt résilients et le nez dans le guidon pour réussir et valoriser ces trois années d'intenses études.). Nous étions tous conscients de la chance d'y être, la sélection étant diablement rude. Le concours était commun avec les Arts et Métiers à l'époque et des promos d'une centaine d'étudiants(tes) par année. .
Je retiendrais 2 anecdotes à son sujet:
a) le mois de Janvier 85 où il avait fait -20 à Cergy pendant deux semaines, le chauffage des classes bien sur "out" mais comme les profs, des "durs à cuire" comme Daniel Pasquet ou Pierre Pouvil assuraient les cours, ben plutôt que se geler en cité U aux Linandes Mauves, Mr Watteau avait fait déployer des chauffages électriques d'appoint.. Pas de grand secours mais c'était la démarche qui comptait!
b) faisant parti du club bidouille, nous avions réussi à faire un émetteur, pirate bien évidement, et envoyait de la zik tous les soirs. Bah, on n'avait que quelques dizaines de watts grand max (le budget étant nos propres deniers). Mais nous allions jusqu'à Cergy le-haut, les villas le long de la base de loisir et par temps clair jusqu'au portes de Pontoise. Bon enfant, avec jeux, devinettes et ziz de qualité avec un numéro de téléphone fixe pour avoir les quelques maigres et courageux auditeurs(trices) au bout du fil. Et donc, patatrac, v'la un jour la maréchaussée de Pontoise qui débarque chez notre directeur avec une plainte de la SACEM qui, bien sur, voulait sa taxe. Il a été "top", a plaidé notre cause, arrondi les angles.. L'affaire fut classée. On s'est fait un peu tirer l'oreille mais bon, c'était le premier heureux et fier de voir que nous avions su mettre en pratique les cours de RF et de telecom!
En résumé, un "Grand Monsieur", légion d'honneur, amplement méritée. Et si je devais retenir quelques mots à son sujet, ce serait: empathie, écoute, justesse, infatigable mais surtout un visionnaire sans oublier un sincère attachement, voir viscéral, à son école
Je garde précieusement ce diplôme ENSEA avec, au bas, votre signature.
RIP Mr Jean-Paul Watteau,

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